D'AUTRES VIES QUE LA MIENNE
Au départ, c’était pour contempler de belles choses, pour admirer chez les autres ce que leurs mains savent façonner.
Et puis, petit à petit au cours des promenades en passant de l’une à l’autre, j’ai fini par découvrir les vies qui se cachent sous les piles de Liberty et qui s’embobinent dans les fils d’alpaga. Des vies de mères, comme la mienne mais aussi des vies de mères blessées, pas comme la mienne.
Des vies avec des enfants souffrants, des vies avec des enfants handicapés, des vies avec des enfants différents, des vies avec des enfants qui se sont arrêtés à un moment donné, des vies sans l’enfant si désiré, des vies que l’enfant a quitté. Des vies qui ont du apprendre avec le temps non pas à oublier la douleur mais à vivre avec la douleur à leur côté.
Des vies aussi avec tant de courage. Des vies qui savent continuer, qui savent regarder le précieux de la différence. Des vies qui savent que le cœur et l’âme sont irremplaçables, des vies qui savent donner une valeur à toute chose, des vies qui se sont forgées dans l’amour un rempart contre tout, des vies que la volonté anime, des vies qui ne baissent pas les bras.
Alors je regarde les deux miens gambader gaiement. Les miens qui savent aussi même si petit, que tous les enfants ne sont pas comme eux. Je les regarde s’amuser, se découvrir, s’aimer. Je les regarde s’émerveiller, apprendre, découvrir le monde. Je les regarde démarrer leur vie en partie avec moi et en partie en dehors de moi. Et je remercie. Et je me rappelle toutes ces vies que je lis.
Chez vous toutes, j’ai affirmé au fil des lectures ma conscience du prix de la Vie. La plupart d’entre vous, vous ne passerez pas ici, cela n’a pas d’importance. Peut-être qu’un jour, au fils des promenades de l’une à l’autre, vous finirez tout de même par lire ceci. La flamme qui est allumée en vous est unique, elle rend les êtres humains uniques, elle éclaire autour d’elle et elle réconcilie.