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Rue des Tournelles
17 juillet 2009

LE CLUB DES 5

            campagne

Elles et moi, nous sommes cinq.

Cinq à nous souvenir de la consigne: "Ne vous approchez pas du puits, les pierres sont branlantes et vous risqueriez de tomber. Tenez-vous aussi éloignées du yuca, il pique".

Cinq à revoir la grosse clé en métal tourner dans la serrure rouillée et à ré-entendre le bruit des gonds qui grincent après tant de temps à n'avoir pas bougé.

Cinq à re-sentir l'odeur de renfermé et un peu de moisi aussi de la vieille maison. Ses murs verdîent par l'humidité, ses pierres bicentenaires ayant supporté plus d'hivers, de froid et de pluie qu'aucun homme dans toute une vie. Le buste de jeune fille sculpté dans la pierre par un cousin si éloigné de nous cinq et posé sur le manteau de la cheminée nous observait à chaque fois avec son regard bienveillant. Le même regard brillait encore dans les yeux de celle qui avait autrefois été cette jeune fille et qui aujourd'hui nous précèdait dans la maison. La grosse horloge sur le côté qui ne tictacait plus et n'égrenait plus rien mais restait à sa place.

Cinq qui s'approchaient de la grande armoire et en sortaient ses trésors: des voilages d'une autre époque qui avaient orné d'autres fenêtres et qui, sous le regard de ces cinq là, devenaient soudain des robes de conte de fées couleur d'aurore.

Cinq qui se chamaillaient systématiquement pour savoir qui aurait le droit de porter le voilage le plus convoité, celui avec le plumetis.

De ces cinq là, je suis l'aînée.

Cinq qui démontaient les chaises longues en métal pour en récupérer la garniture en mousse et s'en faire des palais.

Cinq qui s'étouffaient en plein été parées de voiles et confinées sous la mousse. Mais cinq qui n'auraient pour rien au monde abandonné leur jeu pour quelques bouffée de chaleur.

Cinq qui filaient ensuite s'assoir sur le vieil homme adoré ou s'agenouiller à ses pieds pour entendre de sa bouche revivre les grandes évasions, l'histoire des pieds nickelés, de bécassine, la vie des Saints ou les cloches de Corneville.

Cinq qui dégustaient quatre carrés de chocolat et un morceau de pain et repartaient dénicher les trésors enfouis dans la terre, débris de verre et de porcelaine qui constituaient leur magot.

Cinq qui filaient sur les balancoires et s'envolaient jusqu'au ciel.

Cinq qui secouaient discrètement les tiges des haricots pour en faire tomber les fleurs et en cueillir moins le lendemain puis tiraient le grand tuyau et arrosaient le jardin.

Cinq qui, malgré l'interdiction, se gavaient de prunes vertes puis partaient en promenade sur le chemin du cimetière ou celui de l'école.

Cinq qui chaque année connaissaient le bonheur de l'été.

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Commentaires
L
Souvenir et nostalgie de cette innocence qui est bien loin maintenant.<br /> Mais c est bon la releve est la pour profiter de ces instants de bonheur et d insouciance<br /> bisoussssssssssssssss
Rue des Tournelles
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